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Dire que la lutte reste plus ouverte que jamais dans la course à la deuxième place du championnat du monde Constructeurs serait un poncif si Ferrari ne s’était pas tiré une balle dans le pied vendredi, lors de la première journée du Grand Prix d’Abu Dhabi. Qu’elle a en grande partie scénarisée.

Passés les essais libres 1 réservés aux jeunes pilotes – parce que les équipe n’avaient plus le choix (sauf AlphaTauri) – la Scuderia a été l’actrice principale et involontaire des incidents fracassants qui ont rythmé et considérablement raccourci la seconde session d’entraînement. Deux de ses pilotes, officiel ou affilié, ont flanqué leurs monoplaces dans le mur, réduisant le programme de roulage à 25 pauvres minutes.

Concrètement, dès la 8e minute Carlos Sainz s’est fait piéger par la bosse du virage n°3 que lui-même et tous les invités de la première heure avaient bien repérée, parfois avec quelques frayeurs à la clé. Sa SF23 en est sortie bien abîmée. Ponton, plancher, aileron avant et suspension arrière : tout est à refaire du côté gauche.

Et après 27 minutes de drapeau rouge, que s’est-il passé ? Nico Hülkenberg, au volant de la Haas sous-traitée à Maranello, a perdu son bolide en pneus froids, ajoutant neuf minutes d’interruption à la séance peau de chagrin. Résultat : 25 minutes de roulage pour sauver ce qui pouvait l’être d’un programme déjà rogné par les roulages des juniors.

« Ce fut une journée difficile, a résumé Charles Leclerc, auteur d’un meilleur temps entouré de mystère (1’24″809) en essais libres 2. Nous n’avons bouclé que deux tours sur le court relais et pas beaucoup au total (16), mais les sensations dans la voiture sont plutôt bonnes jusqu’à présent. »

« Cela a été du grand Charles, comme depuis deux ou trois courses, où il arrive à être dans le rythme dès le premier tour, l’a félicité son patron, Fred Vasseur, sur Canal+. Au premier tour, il s’est mis quasiment dans le rythme de ceux qui avaient roulé ce matin. Le deuxième tour, il était devant. Ça ne présage pas du reste du week-end mais je pense que c’est de bon augure pour lui. »

Passé l’exercice particulier du tour unique, dimanche dira ce qu’il en est au bout du compte, à quel point Ferrari souffre déjà de ce manque de kilométrage car la gestion des pneus n’est pas son point fort.

Et est-ce que Ferrari paiera au prix fort les dégâts causés à la monoplace de Carlos Sainz ? A priori non, car ils ne touchent pas des éléments aussi sensibles qu’à Las Vegas. Même si Maranello va encore puiser dans sa réserve de planchers. Maranello l’assure : tout sera réparé samedi, sans tracas.

« Ce n’est évidemment pas le vendredi souhaité, a admis Carlos Sainz. Nous avons un peu joué avec les réglages lors des essais libres 1 et j’attendais avec impatience les essais libres 2 après avoir apporté quelques modifications à la voiture. Malheureusement, j’ai passé la grosse bosse à l’entrée du virage n°3 et j’ai perdu la voiture. J’ai tapé le mur. C’est une erreur coûteuse et je suis désolé pour les mécaniciens de leur avoir donné un surcroît de travail. »

« Je pense qu’il s’est fait un peu peur avec la voiture de devant qui sortait des stands, a avancé Fred Vasseur, directeur général de la Scuderia. On avait prévu de changer le moteur et la boîte ce soir, donc on le fera. Le châssis, a priori c’est bon. »

Mais comme depuis quelques week-ends maintenant, Mercedes a aussi eu son lot de difficultés. George Russell a plafonné à 0″313 et Lewis Hamilton à 0″506. A entendre ce dernier, ce n’est pas très bien parti : « Pas notre meilleure journée. Nous avons eu des qualifications difficiles cette année, et sortir de la Q1 et aller en Q2 a toujours été une bataille. Et passer en Q3 un challenge… Le travail samedi consistera à aller en Q3. »

Andrew Shovlin s’est montré un peu plus optimiste. « Nous avons pu avoir une vue de l’équilibre avec beaucoup et peu d’essence et nous avons fait des changements (entre les deux séances), a commenté le directeur de l’ingénierie piste. Lewis était déçu de ne pas avoir plus tourné. Nous sommes quand même parvenus à avoir un aperçu de relais en conditions fraîches, et sur un tour unique avec les « tendre ». Il nous reste du travail mais nous avons au moins une idée où améliorer la voiture. »

Quatre points séparent actuellement Mercedes de Ferrari au championnat du monde Constructeurs et bien malin qui peut dire dans quelle poche iront les quelques 10 millions d’euros qui sont la différence entre la deuxième de la troisième place du Mondial.